« Face à la lame » ou comment se préparer à une agression à l’arme blanche

L’article qui va suivre est rédigé en toute humilité dans l’état de mes connaissances actuelles. Il a été conçu au mieux de manière didactique afin d’être compris même par un néophyte. Pas de certitudes, mais des pistes de travail…

Force est de constater une recrudescence des attaques au couteau !

 

Les médias nous relatent environ 44 000 cas entre 2015 et 2017, soit 120 cas par jour en moyenne.

Les tentatives d’homicide sont passés de 2 200 faits en 2001, à 3 800 en 2019 (soit une hausse de près de 70%).

Le couteau est un objet usuel, il fait partie de notre vie quotidienne ; on le trouve dans tous les foyers.

Un enfant sait couper sa viande seul dès l’âge de quatre ans. Nous sommes donc tous des spécialistes de l’arme blanche sans le savoir !!

Au corps à corps, une lame n’a que des avantages : pas de munitions, ne s’enraye pas, légère, maniable, utilise des axes multiples, très difficile à faire lâcher, un seul coup peut être fatal, etc.

Bref, le porteur d’un tel outil, même de constitution fragile, peut se révéler devenir un adversaire redoutable.

Avant d’aborder la conduite à tenir face à une telle menace, il est intéressant de faire le point sur les modes opératoires* : 

  • 71% des attaques commencent à mains nues (pour distraire, frapper ou agripper)
  • 80% des situations démontrent une arme cachée jusqu’au déclenchement de l’attaque (embuscade)
  • 70% des attaques se situent à moins d’un mètre
  • 55% de ces dernières sont stoppées par un tiers
  • 14 secondes : durée moyenne d’une attaque (dans 80% des cas : inférieures à 32 secondes)
  • 5 à 7 coups peuvent être assénés en 5 secondes
  • 59% des attaques sont réalisées en « piqué »

(*Source : « Karaté Bushido » oct-nov 2018 : Étude anglo-saxonne portant sur 150 vidéos d’agressions)

À la lecture de ces données, et au risque de décevoir le lecteur de cet article, Il n’existe pas de bonne défense à main nue face à une arme blanche… En effet, compte-tenu de la vitesse de l’arme et du mode très aléatoire de ses attaques, nous ne pouvons qu’entrer dans un mode de « combat de survie ».

L’OPTION LA PLUS EFFICIENTE EST LA FUITE (après création d’une diversion par exemple : voir notre article: L’option « fuite » en situation d’agression)

En cas d’agression, une négociation peut aussi être mise en place…mais nous serons contraints de combattre ou fuir si elle échoue.

Il est par contre possible de s’entraîner à l’éventualité du combat !

Pour commencer, il est intéressant d’appréhender le couteau dans sa globalité pour apprendre à s’en défendre (usages, utilisation en combat, modèles, conceptions, blessures possibles sur autrui et soi-même, etc.). Voilà pourquoi les drills de combat à l’arme blanche (vs autre couteau ou autre arme – couteau vs mains nues) sont extrêmement utiles. Suite à cette expérience, on se rend vite compte que certaines défenses, pourtant très esthétiques, deviennent inutiles !

Ce mode d’entrainement au combat total peut-être intégré à des « scénarios training » simulant une confrontation réelle (protections adéquates obligatoires !) où l’intensité et l’agressivité sont de mise.

Le mode de travail doit toujours considérer l’adversaire comme potentiellement armé.

Surveiller les mains surtout si elles sont cachées (« main cachée = main armée »).

La visualisation peut-être un excellent exercice de préparation. (Les scénarios mentaux doivent toujours se conclure par une victoire !).

Privilégier les frappes sur des cibles impactantes : yeux, oreilles, trachée, cervicales, carotide, parties génitales, etc. Il ne faut d’ailleurs pas éluder le fait que vous pouvez prendre l’initiative et utiliser les frappes préventives.

L’entraînement doit préparer à une riposte rapide, efficace et brutale.

Certains systèmes de combat opérationnels restent très intéressants dans cette optique (les « combatives » Anglo-Saxons, les systèmes d’origine Israélienne : Krav-maga, Kapap, Kalah system ; ainsi que les arts martiaux philippins, entre autres.)

Bien-sûr, la condition physique doit être entretenue : Lutter, boxer et apprendre à bien respirer sont essentiels (un combat en apnée ne dure jamais bien longtemps !).

Votre puissance, votre endurance et toutes les qualités requises au combat de survie doivent être affinées (votre corps doit pouvoir « encaisser » un rythme cardiaque montant tout à coup à 180 voire 200 pulsations par minutes lors d’une confrontation).

Votre esprit aussi se doit d’être préparé

Lors d’une confrontation, même si vous n’avez pas été blessé, il va tout de même falloir gérer la peur panique. Votre cerveau réagira naturellement en déclenchant la fuite, le combat ou l’inhibition de l’action…

Votre prise de décision (« mindset ») et votre détermination à survivre sont les facteurs les plus importants dans le combat de survie.

Dans l’optique de survivre, l’optimisation de votre potentiel du moment (préparation, esprit, corps, matériel à sa disposition) est essentiel.

Votre seul objectif : vaincre ou fuir (si cela est possible).

Le cerveau est notre meilleure arme : il transforme notre environnement en opportunités de défense : utilisation du mobilier urbain, armes improvisées etc.

Votre riposte peut aussi se faire en groupe (Self-défense de groupe) :

Vos proches ou d’autres civils, emprunts de civisme peuvent prendre part à l’annulation d’une agression, même si très souvent, un leader doit activer leur « réaction ».

Certaines agressions ont lieu aux yeux de tous, qui pour la plupart restent prostrés dans leur crainte (une forme d’inhibition de l’action).

Lors d’un combat face à une lame, le risque d’être blessé est extrêmement important (d’ailleurs très probable).

Il faut donc intégrer ce facteur dès la phase de préparation et s’entraîner à mettre en œuvre un pansement compressif ou un garrot.

Pour conclure, l’évitement reste toujours la meilleure option…lorsqu’il est possible !

Être attentif à son environnement et développer une intelligence de situation doivent devenir une seconde nature (sans développer d’esprit paranoïaque) afin d’anticiper les écueils. La meilleure des préparations ne peut reproduire la vraie confrontation, même s’il faut avoir confiance en ses capacités et en sa préparation : s’entrainer encore et encore (« la sueur évite le sang » !)

Un bon entrainement doit avoir la capacité de réactiver cette animosité enfouie dans votre cerveau reptilien lorsque survient un ennui (pour redevenir un humain civilisé dès la menace écartée).

Un « EDC » adapté (voir article à ce sujet sur le blog) peut aussi être salvateur.

Si la fuite n’est pas possible, une seule option s’offre à vous : neutraliser la menace.

« Ce qui ne peut être évité, il faut l’embrasser. »

William Shakespeare

 

 

 

 

 

 

 

 

Mikael T est instructeur de KAPAP Self Defense à Remiremont dans les Vosges (88).

Pour en savoir plus c’est par ici.