Bonjour à tous et merci à toi de te prêter à ce jeu d’interview. Aujourd’hui, nous avons le plaisir d’accueillir Sébastien, un homme aux expériences multiples et passionnantes. Ancien militaire pendant 20 ans, il a ensuite rejoint les forces de l’ordre il y a 5 ans. Mais ce n’est pas tout, Sébastien est également le responsable de l’entreprise JOUR J Self Défense, qui a vu le jour en mai 2021. Vous pouvez d’ailleurs le retrouver sur Instagram @jour_j_self_defense. Aujourd’hui, nous allons plonger dans son expertise et en apprendre davantage sur le processus de JOUR J Self Défense, ainsi que sur l’importance de la stabilisation émotionnelle, de la protection individuelle et de l’action coordonnée dans des situations d’intervention. Préparez-vous à découvrir des conseils précieux pour améliorer vos compétences en self-défense.
- 1) Bien le bonjour. Merci de te prêter à ce petit jeu d’interview. Pourrais tu te présenter ?
Je m’appelle Sébastien j’ai 45 ans, j’ai eu une première carrière au sein des armées pendant 20 ans et
depuis 5 ans je fais partie des forces de l’ordre.
Je suis également le responsable de l’entreprise JOUR J Self Défense qui a vu le jour en mai 2021.
- 2) Peux tu expliquer en détail le processus de jour j self défense ?
Le process S-P-A (propriété intellectuelle de jour j) est le fruit de mon expérience dans le milieu de
l’intervention opérationnelle.
Il est basé sur 3 phases :
– Stabilisation
– Protection
– Action
Le but chronologique de ces 3 phases est de permettre aux intervenants de prendre en compte des interventions de manières efficientes en prenant des décisions rapidement, en sécurité, dans un cadre légal tout en restant efficace.
Quand un intervenant à l’habitude de mettre en place ce processus, voir de le faire de manière « involontaire », dû à son expérience, cela lui permet de prendre en compte des cas non conformes sans stress et avec une intelligence de situation.
Stabilisation
Le but :
Se stabiliser émotionnellement afin de maitriser son état psychologique et physique pour minimiser
l’effet « tunnel » dû à la dégradation des fonctions cognitives, ce qui vous permettra d’agir plus
efficacement lors d’une intervention.
Protection
Le but :
Pourquoi se protéger car l’action va plus vite que la réaction !!! Et anticiper c’est dominer !
Intervenir en sécurité individuellement pour protéger le collectif.
La faute individuelle a des conséquences sur le collectif.
Action
Le but :
La solution pour agir ou réagir au plus vite est de développer des automatismes qui vont vous permettre
de mettre en place des actes réflexes conditionnés et une coordination en équipe, le fameux « Drill ».
- 3) Comment les fonctions cognitives sont-elles affectées et dégradées lors d’un état de stress, et comment la stabilisation émotionnelle aide-t-elle à surmonter ces difficultés ?
La dégradation des fonctions cognitives intervient quand le cerveau est en manque d’information ou submergé d’informations (niveau élevé de cortisol), il y a également des conséquences physiques comme l’accélération du rythme cardiaque, de la respiration, sudation, crispation musculaire involontaire (niveau élevé d’adrénaline). Tout ceci peut créer ce qu’on appelle communément « l’effet
tunnel ». Prendre en compte les informations prioritaires à votre sécurité vous permettra de maîtriser votre stress pour qu’il soit bénéfique et non négatif. Si votre cerveau se sent en sécurité, vos capacités physiques seront moins diminuées.
- 4) Peux tu expliquer en quoi consiste la phase de stabilisation et comment elle est mise en pratique lors de tes exercices d’instruction ?
La phase de stabilisation (stabilité émotionnelle) est de rassurer votre cerveau pour permettre à votre corps de s’adapter à la situation. Et de ne pas se laisser submerger par vos émotions pour éviter les réactions non adaptées comme l’état de sidération ou la réaction démesurée. Pour ma part je ne fais pas travailler cette phase seule car elle fait partie d’un processus, mais elle est importante pour les chefs de dispositifs car leur attitude face aux dangers va « transpirer » sur leurs
opérateurs et tactiquement elle est importante afin de coordonner au mieux son dispositif.
- 5) Quels sont les principaux aspects de la protection individuelle que tu enseignes aux participants ? Comment cela contribue-t-il à protéger le groupe d’intervenants dans une situation réelle ?
Pour la phase protection ce sont des aspects simples qui doivent être pris en compte lors de chaque intervention, la routine peut faire baisser « la garde » et c’est généralement à ce moment-là que la mauvaise surprise peut arriver. Il faut s’imposer une discipline individuelle concernant sa propre protection car la faute individuelle à un impact sur le collectif. Lors d’une intervention il faut maintenir une distance de sécurité qui peut varier selon si vous êtes en champ ouvert ou fermé. Cette distance doit être complétée par une garde dissimulée (mains disponibles)
qui va favoriser votre protection ou une sortie d’arme en cas de contact physique que cela soit en mode réactif ou proactif. Il faut absolument lors de contact physique se protéger la tête (90% des coups portés le sont à la tête de manière circulaire et du bras droit)
Car quand le disque dur est touché le reste du corps ne fonctionne plus. Conserver un rapport de force favorable quitte à se réorganiser pour mener une action en sécurité. L’incident sur le collectif est simple, ex : lors d’une intervention un intervenant s’expose à la menace par négligence ce dernier est blessé gravement (hémorragie) par une arme blanche, l’individu est toujours
menaçant et le collègue en détresse vitale……bien sûr dans tout cela la loi de « Murphy » s’emmêle c’est-à- dire que la radio ne passe pas, le VL est stationné loin de l’inter etc.…. on est sur ce qu’on peut appeler un cas non conforme difficile à traiter avec des conséquences vitales. A cause d’une faute individuelle le groupe
est en difficulté.
- 6) Peux tu décrire en quoi consiste la phase d’action et comment elle est influencée par la stabilisation, la protection et le « drill » ?
La phase d’action doit être menée par des gestes simples et efficaces parce que vous ne serez pas toujours en mode proactif et en mode réactif il faut que tout intervenant puisse les mettre en pratique quel que soit son niveau technique.
La réussite de la phase action sera conditionnée par la phase de stabilisation et protection :
– Si vous intervenez avec un conditionnement lié à 100% à votre ego ou inversement à vos peurs cela rendra votre protection et vos initiatives perfectibles.
– Si vous intervenez de manière individuelle sans prendre en compte le dispositif ou les procédures mises en place vous mettez en danger vous-même, le groupe et autrui dans votre environnement proche, donc votre action ne sera pas efficiente
- 7) Pourquoi considères tu le « drill » comme un élément crucial de l’entraînement en self-défense ?
Le « Drill » est un élément essentiel à ces 3 phases car tout d’abord il permet de rassurer le collectif (stabilisation), il permet une bonne coordination (protection) et d’acquérir un niveau technique suffisant pour pouvoir faire face (action).
Il permet également de faire évoluer les procédures tactiques et les gestes techniques, le but est de « driller » des situations sur des retours d’expérience afin d’être en continuelle évolution.
Le « drill » est un gage de qualité et d’efficacité malgré le stress lors d’une intervention difficile car ces automatismes vont vous permettre de mettre en place des actes réflexes conditionnés qui se rapproche le plus de la réalité du terrain.
Comme le dit l’adage Je ne crains pas l’homme qui a pratiqué 10.000 coups une fois, mais je crains l’homme qui a pratiqué un coup 10.000 fois.
- 8) Comment les exercices que tu développes aident-ils les participants à se préparer au mieux à la réalité ?
Les fondamentaux à maitriser doivent être simples pour avoir une acquisition rapide des gestes techniques. Et bien sûr travailler sur des mises en situation progressives mais non complaisantes avec de l’engagement car la réalité du terrain ne vous fera pas de cadeau
- 9) Comment adaptes-tu tes exercices d’instruction pour répondre aux différents niveaux de compétence des participants ?
Je travaille avec le retour d’expérience du ou des personnes concernées ce qui me permet d’identifier les besoins et points perfectibles. Derniers points je considère une équipe comme « une trousse à outils », chaque outil dans cette trousse
a une compétence qui correspond à un besoin (technique, physique, négociation), sans compter qu’aujourd’hui cela peut être le jour « sans » et pour mon collègue le jour « avec », donc chacun doit avoir une utilité dans une intervention.
- 10) Peux-tu partager un exemple concret d’un exercice que tu utilises pour développer chaque phase du processus S-P-A ?
Rien de magique, j’essaye de m’approcher de la réalité, c’est-à-dire que soit j’annonce un thème à la radio ou comme si j’étais témoin d’une situation et dernier cas la flagrance avec une réaction immédiate sans préparation.
- 11) Comment mesures-tu le progrès des participants au fil du temps ? Quels indicateurs utilises-tu pour évaluer leur préparation en self-défense ?
Je mesure les progrès sur les délais de réactivité, la prise en compte d’information liées à l’intervention et à l’environnement puis sur la coordination et la capacité d’adaptation.
- 12) Y a-t-il des principes ou des conseils supplémentaires que tu souhaiterais partager avec ceux qui cherchent à améliorer leurs compétences en self-défense ?
S’adapter c’est dominer alors travailler votre capacité d’adaptation en sortant de votre zone de confort. Seul on va plus vite mais à plusieurs on va plus loin, la cohésion « pro » peut faire la différence.
Ne négligez pas votre condition physique elle peut vous sauver la vie.
L’intervention avec usage des armes létales ou blessés graves n’arrivera peut être qu’une seule fois dans votre carrière. Être bon à l’entrainement ou raconter ses guerres au café n’est pas difficile mais le seul moment où il faut être bon c’est le JOUR J !!!
Nous arrivons à la fin de cette interview avec Sébastien, responsable de l’entreprise JOUR J Self Défense. Nous avons exploré en détail le processus S-P-A, qui repose sur les phases de stabilisation, de protection et d’action. Il est clair que les fonctions cognitives sont affectées et dégradées lors d’un état de stress, et que la stabilisation émotionnelle est essentielle pour surmonter ces difficultés. En outre, nous avons compris l’importance de la protection individuelle pour assurer la sécurité du collectif lors d’une intervention réelle. N’oubliez pas de suivre Sébastien sur Instagram @jour_j_self_defense pour rester informé des dernières actualités et obtenir des conseils supplémentaires en self-défense. Enfin, le « drill » a été identifié comme un élément crucial de l’entraînement en self-défense, permettant de développer des automatismes et d’acquérir une coordination efficace. Nous remercions Sébastien d’avoir partagé son expertise et ses conseils précieux pour améliorer nos compétences en self-défense. N’oublions pas que la préparation et l’adaptabilité sont des clés pour faire face au JOUR J, où chaque décision compte.