J’aimerais dédier cet article à tous nos camarades qui ont fait le triste de choix de nous quitter. Nous commençons 2022 avec une vraie hécatombe et nous devons tous nous entraider afin d’arrêter cela.
En tant que membres des forces de l’ordre, vous êtes parfois confrontés à des situations complexes, dramatiques, sensibles voire macabres. Des violences Intra-familiales aux accidents mortels de la route en passant par le Bataclan, beaucoup d’entre vous ont déjà été témoins voir participants à des choses que le commun des mortels ne devraient jamais voir. Ajoutez à cela des conditions de travail difficiles, tiraillé parfois entre une hiérarchie qui mets la pression et des délinquants violents, il est fort probable que vous soyez confronté à une charge mentale très forte.
Mais que faire si un jour, sans raison, cette charge mentale dépasse notre propre capacité d’acceptation?Que faire quand le matin au réveil on se demande: « Mais qu’est ce que je fou là? » Que faire quand on voit un collègue qui, en patrouille, broie du noir.
Nous allons tenter de vous donner quelques pistes de travail afin de pouvoir détecter certaines situations et surtout de pouvoir, à notre humble niveau, porter assistance à notre frère ou sœur d’arme, qui d’habitude est solide comme un roc, mais qui ce jour là, cette semaine là, ce mois là, cette année là, nous fait montre de morosité, de tristesse, d’extrême fatigue.
DETECTER UN PROBLEME ET AIDER
La depression
Nous allons aborder dans un premier temps la notion de dépression. Qu’est ce que c’est? Comment la reconnaitre ? Mais surtout, que faire si je pense qu’une personne autour de moi est en dépression?
Qu’est ce qu’une dépression?
La dépression est un état mental qui peut se constater par la présence de plusieurs signaux.
La première est un trouble de l’humeur. Ce trouble, qui dur dans le temps affecte les émotions, les pensées, les comportements, le bien-être physique, la capacité à étudier, à travailler, à maintenir des relations sociales. Ce trouble est souvent associé à des troubles anxieux. Il peut être couplé par des addictions (alimentaires, financières, alcooliques..) et touche 10% de la population française.
Comment reconnaitre la dépression?
Des indicateurs précis sont observables chez les gens qui vivent un passage dépressif. L’humeur triste, les troubles du sommeil (trop dormir, peu ou pas), la perte d’intérêt, le manque d’énergie, les difficultés à se concentrer, le manque d’appétit ou l’inverse, une trop grande appétence pour la nourriture, la sensation d’être inutile ou coupable et les pensées autour de la mort.
Que faire si je pense qu’une personne est en dépression?
On va découper les actions possibles en trois parties:
Premièrement je dois m’assurer que je suis bien disponible.
En effet, la personne aura besoin d’un socle solide afin de pouvoir s’ouvrir. Il faut se placer dans un endroit calme (un véhicule de patrouille en binôme par une nuit calme peut être une piste de réflexion), respecter la confidentialité et la vie privée de la personne. Si vous faites le pas d’aider un camarade qui en a besoin, c’est dans un objectif de fraternité et de soutien, pas d’accumulation de ragots qui pourraient nuire encore plus à l’état mental de votre camarade. Il ne faut pas forcer la personne à parler. Laisser venir la conversation, ou l’amener délicatement afin de ne pas acculer notre interlocuteur. Il faut aussi être prêt à reporter la conversation. L’important c’est l’autre. Durant la conversation, faire attention à l’arrivée d’un état de crise et si crise il y a, ne pas hésiter à appeler des secours.
Deuxièmement nous allons appliquer un plan d’action.
Commencer par se rapprocher de la personne, l’évaluer et l’assister en cas de crise. L’écouter attentivement. La réconforter sans la juger. Lui proposer d’aller vers des professionnels de santé et/ou la renseigner sur d’autres sources disponibles (médecins généralistes, psychiatre, internet, famille, amis, groupes de parole).
Troisièmement nous allons pouvoir évaluer et assister les pensées et intentions suicidaires.
Soyez sûr de vous, cela peut être rassurant. Soyez calme et ouvert, laisse le s’exprimer. Faites preuve d’empathie et ne jugez jamais la personne. Ne la faites pas culpabiliser, ne la menacez pas. Proposer lui simplement votre aide.
Si je pense que la personne présente des risques de suicide, je dois poser clairement les questions suivantes. Ces questions peuvent sembler difficiles mais elles sont primordiales afin que la personne et vous puissiez prendre conscience de son état psychologique:
« As-tu des pensées suicidaires? » » Penses tu mettre fin à ta vie? »
« As-tu déjà pensé à un scénario pour te suicider? »
« Sais-tu comment tu vas te suicider? »
« As-tu déjà commencé à rassembler les choses dont tu as besoin pour te suicider? »
« As-tu déjà essayé de te suicider par le passé? »
« As-tu consommé de l’alcool ou des drogues? »
Il faut arriver à savoir QUAND? COMMENT? OU?
SI VOUS PENSEZ QUE LA PERSONNE VA PASSER A L’ACTE RAPIDEMENT IL FAUT APPELER LE 15 OU LE 112.
LE TROUBLE ANXIEUX
Qu’est ce qu’un trouble anxieux?
Le trouble anxieux est plus grave que l’anxiété habituelle. Il dur dans le temps et touche plus les femmes que les hommes. Il est fréquent en cas de dépression et de troubles addictifs. Il affecte les émotions,les pensées, les comportements le bien être physique, la capacité à étudier, à travailler, à maintenir des relations sociales et touche 15 à 21% de la population française.
Comment reconnaitre le trouble anxieux?
Ce trouble peut être décelé via plusieurs symptômes comme les crises de panique, les Tocs, des tremblements, une respiration forte et/ou difficile, des difficultés à se concentrer, à mémoriser, de l’irritabilité/colère, un besoin d’anticipation, une difficulté à prendre des décisions, des difficultés gastriques, de l’agoraphobie (peur de la foule) ou encore un évitement d’une situation.
Que faire si je pense qu’une personne est atteinte de trouble anxieux?
Comme pour la dépression il faut tout d’abord être disponible, trouver un endroit calme, respecter la confidentialité et la vie privée de la personne, ne pas la forcer à parler et être prêt à reporter la conversation. Tout ces éléments ayants pour but de mettre l’autre en confiance afin de lui permettre de s’ouvrir.
Un plan d’action peut là aussi être mis en place.
Commencer par se rapprocher de la personne, l’évaluer et l’assister en cas de crise. L’écouter attentivement, la réconforter sans la juger et lui proposer de se tourner vers des professionnels de santé et/ou la renseigner sur les autres ressources disponibles (médecin généraliste, psychiatre, psychologue, famille, amis, groupe de parole…)
ASSISTER APRES UN EVENEMENT TRAUMATIQUE
Qu’est ce qu’un événement traumatique?
L’événement traumatique est quelque chose de brutal, dû à une blessure sérieuse, un sentiment intense de terreur, d’horreur, d’impuissance ou de désespoir. L’événement traumatique n’est pas nécessairement vécu par la personne. Parfois il suffit du récit d’une autre personne pour que l’on soit effacé.
Que faire si je suis confronté à un événement traumatique?
LA première chose est de s’assurer que je suis en sécurité. Si on ne connait pas la personne, penser à se présenter afin d’établir un contact sain. Évidemment, faire soigner sans délai les éventuelles blessures. Demander simplement comment vous pouvez aider la personne. Et enfin, donner des informations vraie sur la situation. Se coller au réel aidera la personne à se reconnecter et a sortir de son schéma mental traumatique.
Nous sommes nombreux à porter des uniformes. Bleus, rouges, verts, blancs.
Nous aimons nous rassurer en nous disant que ces uniformes sont comme des armures, des carapaces ne laissant rien pénétrer de négatif. Le temps, l’intensité, l’usure, la fatigue, peuvent ébrécher votre armure mais vous n’en êtes pas moins forts. On a tout à fait le droit de se sentir mal un jour. L’important c’est de ne pas se renfermer et laisser ceux qui veulent nous soutenir le faire. A vous qui êtes témoins d’une situation complexes pour un collègue. Une accumulation de problèmes d’ordre familiaux, professionnels, financiers, personnels, posez vous simplement une petite question: Suis je là pour mon frère d’arme?
Pas de hiérarchie, pas d’administration, pas de grades, juste de l’humain avant tout.
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Merci à Magali sans qui cet article n’aurait pas pu être réalisé.