[Self-Defense] L’option « fuite » en situation d’agression

« Mieux vaut fuir et sauver sa tête, que de la perdre en héros … »

     « Suis-je obligé de rester ?? » voilà une question qu’il est essentiel de se poser lors d’une situation d’agression.

     La réponse est la plupart du temps « non », même si la honte de fuir est en opposition avec notre égo, notre besoin d’accomplissement et d’estime de soi…

     De surcroît, si l’option de fuite n’a pas été prise, un tribunal pourrait considérer que vous vous êtes sciemment impliqué dans la rixe.

     Une agression laisse des traces psychologiques, émotionnelles, corporelles et juridiques (traumatismes, blessures, dommages et intérêts, frais d’avocat, garde à vue, jugement, représailles, etc.).

     Légalement comme tactiquement, il est essentiel de mettre de la distance ou des obstacles entre vous et l’agresseur.

     Réduire le temps d’exposition à la menace est aussi un paramètre important (« time is damage » diront les anglophones).

     En l’état actuel de mes connaissances, je peux affirmer que se sortir d’une situation d’agression dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible par la fuite (voire ne pas y rentrer si les signaux d’alerte ont pu être détectés en amont) est une option tactique de premier choix.

Il faut agir le plus tôt possible dès l’apparition d’un symptôme « bizarre » et/ou décalé.

     Compte-tenu du peu de temps dont nous disposons dans une situation d’agression, la fuite est donc une décision optimale qui va nous permettre d’éviter le contact direct avec la menace, réduire le temps d’exposition et augmenter la distance avec cette dernière.

     Mieux vaut prendre un coup à son égo que de se faire perforer un poumon par un tournevis !

     Fuir, c’est agir et ne pas subir les conséquences de ses actes.

     La fuite peut donc être considérée comme une habileté martiale à part entière…elle mérite donc une prise de conscience et un conditionnement adéquat.

Il n’est donc pas honteux de fuir !!!

Cet article a pour but, de manière très humble, de vous éclairer sur cette décision salvatrice qui va engager votre corps, et votre mental.

Bien-sûr, l’objectif n’est pas que vous développiez une forme de paranoïa !!

Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques éléments importants :

Tout d’abord, soyez conscient que votre cerveau et votre corps « travaillent pour vous ».

Je m’explique :

Le développement de notre cerveau dit moderne a nécessité plusieurs milliers d’années.

Sa structuration initiale, qualifiée de cerveau « ancien », « profond » ou « reptilien », est programmée et conçue pour fuir ou lutter…ce sont des réactions innées !

L’adrénaline (diffusée sous stress par les glandes surrénales) est un outil qu’il faut savoir utiliser. Elle ne doit pas vous « figer », mais bien préparer votre corps au combat.

Dans notre société « évoluée », l’éducation nous a désappris à nous battre (« tu ne dois pas te bagarrer dans la cour de l’école !!! »), il est toutefois possible de réactiver ces fonctions (fuite/combat) par l’entraînement.

Les réponses à une agression sont multiples et dépendront du contexte (la réponse « A » ne sera peut-être pas efficace face à une typologie d’agression « X » … d’où l’intérêt d’un entraînement composé de scénarii multiples).

Pour fuir, il faut :

  • Être capable de se déplacer rapidement (ne pas être blessé).

  • S’adapter au terrain (avoir une idée de l’endroit, bien faire la différence entre la sécurité perçue de la sécurité réelle : vous pouvez vous sentir bien dans un train qui n’est qu’un tube d’acier lancé à haute vitesse…).

  • Un minima de condition physique (sprint et course fractionnée à haute intensité, HIIT…).

Fort de tous ces éléments, comment fuir et/ou éviter efficacement ?

Analyse en 3 phases :

1° « Avant » … travailler en amont, anticiper :

  • Statistiquement, les lieux qui accueillent du public, où l’on fait la fête en présence d’alcool, sont favorables aux rixes. Il est donc évident que nous avons un risque plus élevé de faire face à la violence dans ce genre d’endroits. Ils sont donc à éviter autant que possible.

  • Essayez de détecter les signaux annonciateurs de violence au plus tôt, afin de faciliter la prise de décision (frappe préventive, diversion, etc.).

  • Avoir pleine conscience de son environnement, et de son état mental (codes couleur de Cooper). « Faire son environnement » : scanner les risques potentiels à distance, détecter les sorties, analyser la structure du bâtiment (les vitres sont-elles cassables, les cloisons sont-elles « pénétrables », quelles sont les cachettes potentielles, pour me dissimuler ou me protéger d’un tir ? Ces informations vous seront utile y compris en cas de catastrophe ou incendie).

    • Rester dans un lieu occupé en présence de témoins.

    • Une petite introspection est nécessaire : énumérez les raisons pour lesquelles vous êtes prêts ou non à vous engager contre un agresseur. (Céder mon Smartphone ne vaut-il pas mieux que de subir des dommages corporels et psychologiques ?).

    2° « Pendant » :

    • Fuir vers des témoins et des lieux occupés en utilisant le chemin pris initialement, ce qui comporte moins de surprises, et peu de chance de se perdre.

    • Rester en respiration pour éviter l’apnée.

    • Laisser un nuage de gaz lacrymogène sur son chemin (nécessité d’avoir préparé un bon « fond de sac » !!!)

    • Placer des obstacles entre le suiveur et vous.

    • Mettre en œuvre des techniques de « contre-filature » surtout si on est proche de chez soi : ne pas rentrer chez soi directement et prendre un chemin détourné afin de détecter un suiveur potentiel.

    3° « Après » :

    • Vérifier votre état physique.

    • Prévenir les forces de l’ordre, et si besoin porter plainte.

    • Analyser l’impact psychologique sur soi et échanger avec ses proches et/ou un professionnel.

Pour aller plus loin :

Il se peut qu’il ne soit pas possible de fuir (si vous êtes accompagné, peu mobile, etc.).

Dans ce cas, il va falloir négocier, intimider, ou combattre…

Fuir ou lutter, ne pas renoncer, mais surtout se préparer.

Se préparer en étudiant un système de combat simple et pragmatique pouvant être efficace sous stress.

S’entraîner à devenir apte à faire face à des provocations, prendre conscience de son environnement et de ses risques (quelles sont mes faiblesses ? Chez moi, au travail, etc.), anticiper l’effet tunnel, renforcer sa « rusticité », etc.

Le combat de survie n’est pas une opposition sportive. Il est tout à fait probable de se retrouver confronté à un prédateur. Il ne faut donc pas se focaliser sur sa fierté ou vouloir sortir vainqueur. Pour conclure, la vraie victoire… n’est-ce pas de rester sain et sauf ?

JE PENSE DONC JE SUIS

Nous tenons particulièrement à remercier Mikael T. Instructeur de Kapap Self Sefense dans les Vosges pour cet article.

Pour en savoir plus, n’hésitez pas à vous rendre sur la page Facebook du club.

Ou encore sur le site de la fédération dont est rattaché cette méthode.